Quand Avio ne sait plus où sont les réservoirs du lanceur Vega


Que s'est-il passé chez la firme italienne Avio, constructeur des lanceurs Vega ? La dernière mission du lanceur, avant le passage de relais à la fusée plus moderne Vega C qui constituera le lanceur léger de référence en Europe à côté d'Ariane 6 utilisée comme lanceur médium à lourd, doit mettre en orbite durant le premier semestre 2024 le satellite d'observation de la mission européenne BIOMASS, chargée de cartographier la biomasse des forêts pour en évaluer les quantités de carbone stockées.

Problème, Avio s'est aperçue il y a quelques mois qu'elle ne savait pas où étaient deux des quatre réservoirs du système de propulsion et d'avionique AVUM (Attitude & Vernier Upper Module) du dernier étage du lanceur Vega.

lanceur VEGA AVUM

Système AVUM, tout en haut du lanceur Vega (credit image : CNES)

Ces grosses bonbonnes destinées à accueillir du comburant liquide étaient stockées dans un bâtiment du constructeur à Colleferro, où se situe son siège social et qui a fait l'objet d'une rénovation.

Au terme de cette opération, les deux réservoirs avaient disparu et personne ne savait où ils avaient déplacés, d'autant plus qu'ils n'avaient pas été enregistrés dans le système de tracking des composants. Difficile d'espérer remettre la main dessus dans ces conditions, rapporte European Spaceflight.

Le mystère des réservoirs de la dernière mission Vega

Et pourtant, les deux réservoirs ont bien été retrouvés...dans une décharge et bien mal en point, au point d'être inutilisables en l'état. Avio se trouve donc face à un sérieux problème car il n'est plus possible d'en fabriquer de nouveaux, les lignes de production du lanceur Vega étant désormais fermées.

Vega AVUM

Système de propulsion AVUM pour le dernier étage de Vega (credit : Arianespace)

Avio n'aurait donc que deux options pour réaliser malgré tout le lancement de la mission BIOMASS, estimée tout de même à 229 millions d'euros. L'une des solutions serait de requalifier les quatre réservoirs utilisés lors de la phase de certification avant le premier vol de Vega de 2012.

Deux réservoirs pourraient être utilisés pour la requalification et les deux autres pour le vol proprement dit, associés aux deux réservoirs toujours en sa possession. Mais étant donné que ces contenants utilisés pour les essais statiques n'ont plus servi depuis plus de dix ans, le processus d'inspection et de remise en état s'annonce très compliqué.

Une fusée FrankenVega pour sauver l'honneur ?

L'autre solution est presque aussi hasardeuse : modifier des réservoirs prévus pour Vega C afin de les ajuster sur la dernière fusée Vega. Le problème est que les deux systèmes de propulsion du dernier étage (AVUM pour Vega et AVUM+ pour Vega C) ne sont que partiellement compatibles.

Il faudra donc un certain travail d'adaptation, sachant que AVUM+ n'est pas destiné à être utilisé sur un lanceur Vega. Un lanceur constitué d'un assemblage de composants Vega et Vega C risque de créer de grosses incertitudes sur le bon déroulement de la mission.

Pour l'instant, aucun acteur ou superviseur de la mission (ESA, Avio, Arianespace) n'a souhaité commenter la situation ni donner d'indications sur la conduite à tenir, indique European Spaceflight. Le dernier vol de Vega risque de tenir du rodéo...



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